mercredi 16 avril 2008

Quelques visages connus...

Jour 10 - Tsuwano

Ma journée à Tsuwano(津和野) commence par une petite balade dans la montagne... ça tombe bien, ici il y en a plein! Je m'enfonce dans la forêt profonde, sur un petit chemin sauvage. Et là, au milieu des arbres, protégée de l'agitation du village, une petite chapelle... la chapelle Sainte Marie (Maria Sei dô).



Oui, vous avez bien lu, une chapelle. Comment est elle arrivée là? C'est une longue histoire:

L'histoire du catholicisme au Japon est assez ancienne mais elle est jonchée de massacres et de persécutions. Saint François Xavier, évangélisateur de l'Asie, débarque à Kagoshima en 1549.
Petit à petit, le christianisme s'est développé au Japon, principalement dans l'ile de Kyushu, où même un daimyo (seigneur féodal) se convertit à cette religion.
Les différentes religions vivaient plus ou moins en paix jusqu'à ce que le shogun Tokugawa, qui tentait alors d'unifier le Japon, décida d'interdire la religion catholique, qu'il soupçonnait de diviser le pays en fomentant des révoltes. Les églises furent brulées, les fidèles torturés, crucifiés, etc...
C'est ainsi que la religion catholique devint clandestine et le resta jusqu'au début de l'ère de modernisation Meiji où un incident déclencha la polémique:
En 1865, des missionnaires catholiques s'installent à Nagasaki dans le but d'édifier une église, en compagnie de quelques fidèles autochtones.
Dans un dernier excés de colère, l'administration japonaise décide de réprimer à nouveau les chrétiens (plus de 660 morts) et d'exiler les survivants loin de leurs maisons, dans un petit village perdu dans les montagnes, à Tsuwano.


C'est pourquoi on peut encore y trouver une église ainsi que cette petite chapelle.

La chapelle Sainte Marie a été construite en 1951 par un prêtre allemand. C'est un mémorial aux catholiques japonais exilés et morts en martyrs.


C'est étonnant de voir la vierge représentée au milieu des japonais en kimono... de voir que même ici on retrouve les mêmes symboles, la même architecture...

Les lieux sont quasi déserts... à part la vieille dame qui nettoie les feuilles, personne pour déranger le calme de ce coin perdu. Cachés aux yeux du monde, les martyrs des chrétiens japonais attendent qu'on veuillent bien se souvenir d'eux. Si vous passez par Tsuwano, faites moi plaisir, allez donc leur rendre une petite visite...
PS: Pour ce qui est de l'interdiction de pratiquer la religion chrétienne, elle fut abrogée en 1873, sous la pression internationale.

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