mercredi 23 juillet 2008

Le musée des droits de l'homme...

Jour 16 – Osaka

Je quitte Thomas et Ghismo pour aller visiter un endroit peu plébiscité par les touristes et dont les 2 jeunes blogueurs n’ont même jamais entendu parler, et pourtant…
Quand on pense aux japonais, on pense à un peuple uni, solidaire, où toutes les individualités ont été gommées. On a un peu de mal à imaginer que derrière cette apparente uniformité se cache tout un éventail de minorités, bien souvent victimes de discriminations…



C’est là tout l’intérêt du Musée des droits de l’Homme, le Liberty museum, dédié à toutes les minorités ethniques et culturelles du Japon. Ce musée se trouve à Osaka, ville connue pour être un grand brassage de communautés (coréenne, burakumin, okinawaiène, chinoise…).

Bon déjà le musée n’est pas facile à trouver. Je rate mon arrêt de métro (décidément j’ai du mal avec Osaka). Je finis quand même par trouver mon chemin… Malheureusement, je n’ai que 2 heures avant la fermeture… ce qui m’obligera à me presser un peu vers la fin… Je prend un audio guide à l’accueil et un livret explicatif en anglais…

Le musée est assez exhaustif, il parle de toutes les communautés discriminées au japon : coréens, okinawaiens, ainus, femmes, burakumin, homosexuels, sida, handicapés, mais aussi des victimes de maladies ou de pollutions qui ont du se battre pour obtenir réparation.
Je pense que c’est un musée utile pour ouvrir les yeux de certains japonais. Et d’ailleurs il y a pas mal de monde.



Il est organisé en 4 partie (la 3ème est la plus grande) :

1 Les droits de l’homme aujourd’hui.

2 Nos valeurs et discriminations : Nos sens des valeurs dans notre vie quotidienne.

3 L’activisme des peuples victimes de discrimination : Plusieurs salles très intéressantes sur les différentes communautés :

  • Coréens : suite à l’invasion de la Corée par le japon avant la 2nde guerre mondiale en 1910, beaucoup de coréens ont immigrés au Japon. Après plusieurs générations, leurs descendants sont encore considérés comme des étrangers avec un ‘statut spécial’. C’est la communauté étrangère la plus représentée au Japon, mais il subissent encore une discrimination. Dans les années 80, ils se sont symboliquement battus pour ne pas avoir à apposer leur empreinte digitale sur leur carte d’étranger, comme des criminels (obligation abolie en 1992). Il y a un quartier coréen à Osaka.
  • Okinawaien : Venant de cette petit ile située tout au bout du Japon, ils sont issus du peuple ryukyu, qui possédait jadis une culture bien spécifique. Beaucoup ont migré dans le Kansai pour chercher du travail (vers 1910).
  • Les ainus : Peuple vivant à Hokkaido. Leur culture, religion, danses, chants furent condamnés par le gouvernement japonais en 1868, désireux de coloniser Hokkaido : interdiction de parler la langue, obligation de résider dans des logements sociaux, de se fondre dans le moule. Depuis 30 ans, le tourisme permet de remettre la culture ainu au devant de la scène. Voici un exemple de chant Ainu :
    Ecoutez
  • Femmes: Et oui, le mouvement de libération de la femme existe aussi au Japon. Il y a encore quelques années, une femme qui n'abandonnait pas son travail dés le premier enfant était considérée comme une mauvaise mère...
  • Minorités sexuelles : Gays et lesbiens. Même si ils n’ont pas eu à souffrir de la répression religieuse par le passé, les homosexuels au Japon doivent savoir se faire discrets…
  • Handicapés : En 1979, une loi fut promue pour que tous les enfants handicapés soient scolarisés dans des écoles spécialisées. Un mouvement d’ampleur nationale s’est levé contre cette loi, afin que chaque élève puisse se rendre dans une école parmi les autres.
  • HIV et SIDA : Comme partout dans le monde, il y a plein de préjudices et idées reçues sur cette maladie et les personnes atteintes.
  • La maladie de Hansen : Un genre de lèpre très rare. Les gens atteints étaient reclus dans un sanatorium, avec interdiction d’en sortir, jusqu’à ce que la loi soit abolie en 1996.
  • Les sans abris : Depuis la dépression des années 80, on voit beaucoup de sans abris, notamment dans le quartier de Kamasagi, à Osaka, peuplé de travailleurs saisonniers.
  • Les Burakumin : C’est un genre de caste japonaise très ancienne, qui était constituée des corps de métier spécialisés dans le travail du cuir (tambours, etc…). Mis de coté par la société car toucher du cuir était un pécher pour la religion bouddhiste. Encore de nos jours, il est mal vu d’épouser quelqu’un qui a des ancêtres dans cette caste. Il y a aussi un quartier burakumin à Osaka.
  • Victimes de pollution : Les habitants de Nishi Yodogawa, une région très industrialisée, se sont battus pour la qualité de l’air, responsable de maladies respiratoires dans la population. Un long procès est en cours contre les industries de la région depuis 20 ans.
  • Victimes de la maladie de Minamata : Un procès contre une compagnie responsable en 1978 de l’empoisonnement au mercure des gens du village de Minamata, engendrant malformations et maladies(procès terminé en 1996).

4 Les droits de l’homme et vous : un ensemble de témoignages vidéos de gens souffrant de discrimination.

Je trouve assez étonnant de voir que certaines lois assez discriminatoires n’aient été abolies qu’assez récemment, ce qui montre qu’en matière de lutte contre les discriminations, le Japon a encore beaucoup de travail.




J’ai trouvé le Musée très intéressant mais un peu décevant car la plupart des documents affichés sont en japonais non traduits, et l’audioguide est un peu inutile (il se contente de faire un résumé de ce qu’il y a dans la salle sans donner d’exemple), et moi, je suis curieux... Par contre pour chaque salle, les vidéos sont sous titrées en anglais.




Je crois qu’il y a un proverbe japonais qui dit : « Le clou qui dépasse appelle le marteau ». Et en l’occurrence les clous ce sont souvent les mêmes…

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